Coopération au développement

Promouvoir les droits des femmes au Burkina Faso

Recherches sur le terrain



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Dans le cadre de conventions avec l’Agence belge de développement, le laboratoire Omer (Observer les Mondes en Recomposition) de la Faculté des Sciences Sociales de l'ULiège a coordonné et réalisé récemment des études au Sénégal, en RDC, au Burkina Faso. Dans le Centre-Est du Burkina Faso, l’étude menée portait sur quatre domaines d’intervention de l’agence et en particulier sur la santé sexuelle des adolescents et des jeunes.  

La Faculté des Sciences Sociales de l'Université de Liège possède une grande expertise en matière de recherche et d’enseignement dans le domaine de la coopération au développement. Le Professeur Marc Poncelet a porté récemment 3 projets dans le cadre de conventions avec Enabel, l’Agence de développement  du gouvernement fédéral belge. Le premier, mené en République Démocratique du Congo , portait sur les déterminants socio-culturels de la malnutrition avec la Professeure Nambuwa Bila Lenge (Unikin-ULiège); les deux autres au Sénégal et Burkina Faso portaient sur des questions de jeunesse et santé sexuelle sous la responsabilité de Joséphine Wouango, experte de ces domaines, docteure et Maître de conférence de la Faculté des Sciences Sociales.

Au Burkina Faso, la recherche d’une ampleur exceptionnelle a été réalisée avec deux centres d’excellence burkinabè (ISSP et CEDRES de l’Université de Ouagadougou). Prenant en compte une dimension transversale de genre et une approche basée sur les droits humains, elle couvrait les quatre domaines suivants :   

  • Santé sexuelle et reproductive
  • Violences basées sur le genre
  • Entrepreneuriat au féminin
  • Sécurité :  sentiment de sécurité/insécurité et avec les forces de sécurité intérieurs (FSI)

Focus sur le genre et les droits humains

Pour contribuer à prévenir et répondre aux problèmes de santé sexuelle et reproductive des adolescent.e.s et des jeunes en particulier, l’Agence privilégie en effet une approche basée sur les “droits humains”. Celle-ci consiste à reconnaître les droits des jeunes filles et des femmes, à les y sensibiliser et à soutenir leur application par les tribunaux. Son objectif est aussi de favoriser plus généralement une action publique « pro-genre », par exemple en promouvant l’entrepreneuriat des femmes dont l’immense majorité sont actives dans le secteur informel. 

Les droits des jeunes filles et des femmes sont évidemment loin d’être effectifs dans le contexte spécifique du Burkina Faso : 

  • l’excision, interdite officiellement recule, mais reste cependant la règle à grande échelle,
  • le mariage plus ou moins forcé et les enlèvements de jeunes filles ne sont pas rares.

Ces faits vécus comme privés touchent à l‘honneur du groupe de parenté et de la communauté ; ils sont peu dénoncés, rarement instruits et les institutions (tribunaux, justice) jouent rarement le rôle de protection attendu.  La santé sexuelle et reproductive est désormais privilégiée par de nombreuses politiques internationales de coopération ; elle s’inscrit aussi et surtout dans des réalités banales à savoir grossesses précoces, MST, avortements, violences familiales. 

Burkina Faso : un dispositif d'une ampleur exceptionnelle déployé 

Pour étudier la question de la sexuelle et reproductive, l’équipe de recherche a adopté une approche méthodologique mixte. Une collecte de données quantitatives a été suivie d’une enquête socio-anthropologique afin d’approfondir et contextualiser certains résultats du volet quantitatif et de répondre à des questions qui ne pouvaient être abordées uniquement par l’approche quantitative. 

Joséphine Wouango relate : 3000 ménages localisés dans le centre est du pays ont été interrogés. C’est donc un dispositif très conséquent qui a été mis en place. Il a fallu déployer une importante logistique sur le terrain : engager des enquêteurs, les former, les équiper de motos et de tablettes… Notre collègue Sébastien Fontaine, enseignant et chercheur à la Faculté, nous a accompagnés dans le traitement des données récoltées.  

Le protocole de recherche a obtenu l’approbation éthique auprès du ministère de la Santé du Burkina Faso et du comité d’éthique en sciences humaines et sociales de l’Université de Liège.  

Contraception : des facteurs sociaux cruciaux  

Le rapport conclut : Les résultats des deux études démontrent que les adolescent(e)s et jeunes possèdent de bonnes connaissances générales sur les questions de santé sexuelle et reproductive. En ce qui concerne les indicateurs de contraception, les adolescent(e)s et jeunes présentent un niveau élevé de connaissances sur les méthodes contraceptives (98,24% des garçons et 96,91% des filles), mais en font une utilisation limitée (prévalence contraceptive de 21,7% chez les filles et 18,9% chez les garçons). Les attentes familiales et sociales, notamment celles liées aux comportements des filles et des garçons, ont une forte influence sur les perceptions, attitudes et comportements des jeunes. La connaissance ne dit donc pas grand-chose des usages. Par conséquent, une intervention visant à améliorer la SSR doit impérativement intégrer ces facteurs sociaux cruciaux identifiés et concevoir des médiations nouvelles en aval de l’information. 

Des recherches qui profitent aux étudiants de la faculté et du master Sciences de la Population et du développement  

Les étudiant.e.s de la faculté des Sciences Sociales ULiège et du master Sciences de la Population et du développement en particulier bénéficient directement de ces recherches menées avec des équipes du Sud. Joséphine Wouango est co-titulaire de cours depuis plusieurs années. Au cours de cette année académique, le Professeur Poncelet  a invité Régine Nambuwa Bila Lenge (Docteure ULiège et Professeure à l’Université de Kinshasa) dans le cadre de la seconde édition du cours «  Le sud du développement » qui est dispensé par un.e enseignant.e en provenance d'un pays du Sud. Elle a pu leur faire partager son expertise dans le domaine de la malnutrition puisque c’est elle qui a piloté sur place l'étude sur ce thème menée en République Démocratique du Congo.  

Continuer à apprendre  

Marc Poncelet souligne l’intérêt pour la Faculté de participer à ce type de projet : Ces trois recherches avec l’Agence Belge de développement (RDC, Sénégal, Burkina Faso) nous donnent un accès inestimable au terrain. Elles nous permettent de réaliser des recherches avec des centres de recherche (africains en l’occurrence), de comprendre de manière fine le fonctionnement des programmes de coopération, en les vivant de l’intérieur. Cela nourrit notre travail de chercheurs/chercheuses et d’enseignant.e.s. Last but not least, ces recherches montrent l’intérêt des agences internationales et des responsables des pays du Sud pour l’apport des sciences humaines et sociales dans les politiques de santé et de développement. 

iconeDownload Rapports à télécharger

Etude quantitative Burkina Faso 

Etude qualitative Burkina Faso 

Etude sur la malnutrition en RDC 

Contacts  

Professeur Marc Poncelet  

Joséphine Wouango

Professeure Régine Nambuwa Bila Lenge (Lien ORBI)

 

Image par RobertoVi de Pixabay

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